Steven Parrino est mort à moto, un soir de réveillon, dans les rues de Green Point, à Brooklyn... 1er janvier 2005 : cette date est restée dans les coeurs de ceux qui l'ont rencontré et aimé, comme Marc-Olivier Wahler, directeur du Palais de Tokyo, Olivier Mosset, peintre et biker, et Fabrice Stroun, du Musée d'art moderne et contemporain (Mamco) de Genève. Ensemble, ces trois commissaires font revivre Parrino au Palais de Tokyo, dans une exposition pleine de hargne, de bruit et de fureur.
Plus qu'une rétrospective, c'est une résurrection qu'ils offrent à cet artiste suisse qui fit de New York la terre de sa fureur de vivre. Et pourtant, partout, des motifs de noir et de mort : mort de la peinture, à laquelle cet âcre peintre refusait de vraiment croire ; noir de ses monochromes froissés, déstructurés, châssis brisés, fracassés, percés, toiles arrachées, pendantes, disloquées, dégrafées, jusqu'à n'être parfois plus qu'un monceau ramassé au sol. Peinture brisée pour un monde brisé : du Malevitch pris dans le désordre contemporain. Leurs plis et drapés semblent tôle de bagnole accidentée ou lit abandonné après une nuit terrible. C'est en leur creux que la peinture vient résister ; s'abîmer aussi.
Plus qu'une rétrospective, c'est une résurrection qu'ils offrent à cet artiste suisse qui fit de New York la terre de sa fureur de vivre. Et pourtant, partout, des motifs de noir et de mort : mort de la peinture, à laquelle cet âcre peintre refusait de vraiment croire ; noir de ses monochromes froissés, déstructurés, châssis brisés, fracassés, percés, toiles arrachées, pendantes, disloquées, dégrafées, jusqu'à n'être parfois plus qu'un monceau ramassé au sol. Peinture brisée pour un monde brisé : du Malevitch pris dans le désordre contemporain. Leurs plis et drapés semblent tôle de bagnole accidentée ou lit abandonné après une nuit terrible. C'est en leur creux que la peinture vient résister ; s'abîmer aussi.
Si Parrino peint, c'est à l'huile de vidange, à l'émail industriel, au sang ou à l'argent. S'il use de références, c'est à la bande dessinée, aux tabloïds, aux super-héros et aux stars du porno... A toute cette culture populaire qui fait les Etats-Unis d'alors. Mais c'est surtout la musique no wave et punk qui le nourrit. Sous le label d'Electrophilia, il a joué toute sa vie, seul ou en compagnie d'autres artistes. Quelques stridentes vidéos le rappellent ici. Et partout la même méthode : la distorsion. "Le chaos pour ordonner le chaos" : tel était son signal de rappel. "Je ne glorifie pas la violence, se défendait-il, je la reflète."
"Steven Parrino a fait la jonction, apparemment impensable, entre la culture pop et le modernisme le plus radical, analyse Marc-Olivier Wahler. Il est celui qui a fait se rencontrer l'esthétique Hell's Angels et l'art minimal. Il a conçu des expositions où ses propres monochromes noirs servaient de paillassons aux savants fous de la noise music. Steven Parrino fut le Dr Frankenstein de la peinture. Témoin de sa mort annoncée, il n'a eu de cesse de la ramener à la vie en rapiéçant bout à bout les morceaux de son cadavre."
L'exposition a l'excellente idée de plonger aux racines de cette esthétique de la destruction. En parallèle du grand hall qui lui est consacré, une superbe salle rassemble des chaises électriques de Warhol, des tableaux zigzagant de Frank Stella (et leur copie par Sturtevant), un film magnifique de Robert Smithson et Nancy Holt, une performance de Vito Acconci, un Donald Judd réalisé à la peinture argentée d'Harley Davidson... De tous ses immenses prédécesseurs des années 1960 et 1970, Parrino s'est inspiré pour inventer de nouvelles perspectives à la peinture. Anar de l'art, il les regarde avec respect. Comme il considérera plus tard les jeunes artistes qu'il chercha à défendre. Un dernier volet de l'accrochage du Palais de Tokyo reproduit, ou plutôt réinterprète, deux des expositions qu'il leur a consacrées en tant que "commissaire". On y comprend combien son oeuvre fut influente sur toute une génération, et comment Parrino est devenu aujourd'hui le dernier des artistes cultes : sa mort tragique n'y est au final pour pas grand-chose.
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